Nicholas Roerich © Himalaias
Ce texte [Les Rêveries du Promeneur Solitaire] rédigé en 1776 marque l’aboutissement d’une évolution
identifiée dès le siècle antérieur. Au cours du 17e siècle, les discours
sur Paris ont évolué autant que l’espace urbain a été transformé par l’affirmation
de l’absolutisme royal. L’invention du premier trottoir moderne en 1607
symbolise la nouvelle division de l’espace public entre les piétons et les
véhicules. Pour les élites, cela implique désormais deus modes de transport:
dans la rue, le statut aristocratique requiert de se déplacer en véhicule pour
ne pas se mélanger au people, tandis que des parcs et jardins sont aménagés
comme espaces dédiés à la promenade entre-soi, où il devient loisible de
marcher pour marcher. «L’art de la marche» et «l’art des jardins» trouvent
leurs origines aristocratiques conjointes quando les élites de toute l’Europe commencent
à rivaliser à ces sujet au cours du 16e siècle.
L’apparition de la promenade moderne mete en jeu la capacite à
différencier et à rendre distinctive la marche-loisir, réalisée pour elle-même
et pratiquée par l’élite, par rapport à la marche-déplacement, réalisée par necessité pour aller d’un endroit à une utre, pour ceux qui n’ont pas d’autre choix. C’est
en effet la marche-loisir élitiste que réalise et décrit Rousseau, et c’est
bien la marche-déplacement triviale qu’il tend à marginaliser et à occulter
dans la «Deuxième promenade», qui laisse pourtant deviner de nombreux piétons à
côté du promeneur-rêveur «solitaire». L’ouvre
de Rousseau donne alors un grand retentissement à deux innovations
romantiques. D’une part, la promenade sort alors du strict cadre des parcs et jardins
pour s’étendre aux campagnes bucoliques, puis aux environnements «sauvages» (cf.
la naissance de l’alpinisme aristocratique). D’autre part, les élites ajoutent
à l’activité physique et mondaine de la promenade une activité littéraire ou picturale.
REFERÊNCIA
BIBLIOGRÁFICA
MONNET, Jérôme (2015): La marche à pied entre loisir et déplacement. La géographie nº 1557, p.
12.15
MONNET, Jérôme (2016): Marche-loisir et marche-déplacement: une dicotomie persistante, du romantisme au fonctionnalisme. Sciences de la Societé, Presses Universitaires du
Midi, pp. 75-89
Sem comentários:
Enviar um comentário